Songs For A Second Grace irradie par sa maturité et sa précision plastique. A l’image de sa pochette, loin de l’esthétique gothique de son prédécesseur. A l’image, aussi, de son titre. Énoncé mystérieux, laissant à penser que les onze chansons qui le composent s’inscrivent dans un nouvel accomplissement artistique, un changement de cycle personnel. Pudiquement, Pierre-Alexis y exprime ses sentiments, sa relation au mystique, à son éducation chrétienne, au sens d’appartenir ou non à une communauté. Artistiquement, le groupe invoque de grands modèles, de Nick Drake à Elliott Smith en passant par Jeff Buckley dont il partage le Grace évocateur. A leur égard, on retrouve une certaine révérence dans le choix d’un songwriting soyeux. Mais la musique d’Opac relève aussi de sa propre complexité. Les arpèges de guitare côtoient des arrangements précieux au piano, les inspirations folkloriques cheminent avec des arrangements pop, à l’immédiate efficacité (le très solaire Those Processions). Et si l’on retrouve, à quelque endroit de l’album, ce goût pour l’intime et le minimalisme (Gathered Ghosts), la majeure partie des morceaux s’illustre autant par des arrangements orchestraux que par une production claire et puissante, à l’image du magnifique Valley of Sin. Veneration, apothéose électrique, égrène les seules paroles en français du disque sur fond de quête intime, questionnant les chemins parcourus, ceux à parcourir. Il nous restera à voyager de nombreuses fois encore dans ce Songs For A Second Grace, deuxième volet d’une oeuvre plus grande qu’elle ne le soupçonne encore.